Les grandes idéologies ne nous guident plus, nous ne partageons plus de grands cadres éthiques avec le groupe social dans lequel nos vies se déroulaient. Nous devons découvrir par nous-mêmes ce qui est juste. L’éthique s’individualise, la morale se démocratise. Dans un monde complexe et hyper-connecté, de nombreux autres dilemmes se posent : que pensez-vous exactement de la lutte contre l’épidémie de corona à la façon Singapour?

Les bulles d’info offrent une vue unilatérale du monde. On entend souvent “solution cherche problème” : quel que soit le problème, la réponse est toujours (biffer ce qui n’est pas d’application) plus de liberté / d’autonomie administrative / retour au passé / moins d’inégalités / … . Comment vous assurer que vous pouvez toujours remettre en question votre jugement éthique et procéder à des ajustements de celui-ci?

Quand la peur gouverne et la polarisation est la norme, les messages simples ont plus d’écoute. Mais les dilemmes moraux sont des dilemmes parce que chacune des options d’action à des désavantages. Les questions morales ne sont donc généralement pas simples, elles nécessitent des nuances et une réflexion approfondie, et il faut faire un effort considérable pour leur accorder suffisamment d’attention de nos jours.

En même temps, nous n’avons plus de langage commun pour discuter des questions éthiques: qui  sait débiter les dix commandements? Beaucoup disent que nous devons défendre les idéaux des Lumières “afin de défendre nos valeurs”, mais savez-vous comment mettre les idées des Lumières en pratique lorsque vous êtes confronté à un dilemme ?

Avez-vous des amis ou des membres de votre famille avec lesquels vous feriez mieux d’éviter de discuter de certains sujets, parce que vous savez que ça finit en bagarre? Une sorte de paix armée parce que vous savez que vous ne pouvez pas engager la conversation sans que cela déraille? 40 % des Américains disent qu’ils ne veulent vraiment pas parler de politique à la fête de Thanksgiving, et 45 % doutent que ce soit une bonne idée. Enfin quelque chose dans laquelle ils sont unis.

Environnement, climat, droits de l’homme, lutte contre le travail des enfants, commerce équitable, réduction de la pauvreté, droit à l’eau potable, les ODD de l’ONU, … : en tant qu’organisation, vous devez assumer la responsabilité de toute la chaîne : de vos fournisseurs (et de leurs fournisseurs), en passant par vos propres processus, jusqu’au distributeur de vos produits ou services, jusqu’à la circularité ou le recyclage de vos produits. Pas facile, et vous devrez fixer des priorités dans vos plans d’action. Quelle est la répartition équitable de vos ressources limitées?

Les organisations et les entreprises doivent travailler de manière agile et mettre en place des équipes autonomes. Cela signifie que ces équipes doivent également être suffisamment autonomes sur le plan éthique : vous voulez certainement qu’elles respectent les normes de contrôle de qualité de toute façon, vous voulez qu’elles proposent uniquement des produits bien rentables, et vos attentes sont également élevées en matière d’éthique : vous ne voulez pas que vos équipes ruinent votre réputation.

En tant qu’organisation, vous élaborez des codes de conduite, mais ils ne couvrent jamais entièrement tous les cas concrets qui peuvent se présenter, et en plus de cela, notre monde VUCA change si vite que les codes de conduite trop concrets deviennent rapidement obsolètes. Vous voulez donc que vos employés continuent à réfléchir au contenu moral de vos services et produits, et ne se limitent pas à suivre quelques règles aveuglement.

La mémoire de l’internet rend également les choses plus difficiles : les trolls qui se heurtent à de vieilles choses dans votre passé ont peu d’indulgence et de compréhension pour la nature humaine imparfaite. Si vous faites preuve d’un engagement audacieux, votre parcours doit être parfait, sinon vous serez bientôt traité d’hypocrite. Portant, nous le savons bien: la morale est en constante évolution, et la recherche d’une vie vertueuse ne peut jamais être parfaite. Il faut simplement être heureux pour chaque nouvelle perspicacité et de temps en temps avoir le courage d’agir en conséquence.

L’éthique devient de plus en plus complexe, mais n’y a-t-il vraiment rien que vous puissiez faire ?

Dès que vous connaissez l’historique de certains des concepts, des règles et des principes des grands mouvements éthiques occidentaux, vous les voyez apparaître partout. Soudain, vous voyez des enquêtes, des articles de journaux et des blogs dans lesquels vous reconnaissez immédiatement quelle théorie éthique a eu le dessus. Vous pouvez apprendre à utiliser les autres théories pour proposer un éventail d’options plus riche et faire une meilleure délibération morale que lorsque vous ne pensez qu’en termes unidimensionnels.

Vous pouvez apprendre ce que sont les valeurs et les normes, et ce que les émotions viennent faire dans ce jeu. Cela peut vous permettre de mieux communiquer sur les sujets qui affectent votre sens de la justice. Vous serez mieux à même de maintenir le dialogue si vous savez ce qui lie les émotions et les valeurs.

Des concepts cruciaux tels que la liberté, l’autonomie et la responsabilité deviennent très concrets si vous y réfléchissez en groupe. La connaissance de ces concepts apporte à la fois de la douceur, de la générosité et de l’acuité à votre dialogue moral intérieur.

Quelques exercices de délibération morale peuvent montrer clairement comment faire une évaluation réfléchie autour d’une question éthique très concrète. Ce n’est pas du « rocket science », mais une approche très pratique.

Cela aide à dissiper le brouillard moral qui règne dans votre tête.

Zinnings propose cette formation dans le cadre d’un cours d’éthique.

Heureusement, vous pouvez devenir personnellement compétent en matière d’éthique …

Il existe une théorie sur le développement moral d’un être humain, basée sur les recherches de Piaget et plus tard de Kohlberg. Ce modèle met l’accent sur le sens de la justice comme signe de développement moral.

Il y est dit qu’un enfant jusqu’à l’âge de 12 ans cherche avant tout à éviter les punitions, puis à rechercher un bénéfice mutuel, et puis à s’aligner sur ce que les autres pensent être juste.

Ainsi, chaque niveau de développement a sa motivation caractéristique en matière de justice morale.

À la puberté, l’homme franchirait alors une étape supplémentaire et se conformerait également aux lois et aux règles du groupe de pairs.

Et puis vient le niveau réel de développement moral, qui échappe aux conventions extérieures et dans lequel vous développez votre propre modèle de valeurs, et finalement, vous adoptez consciemment des points de vue éthiques bien réfléchis. Vous approuvez de quelque chose parce que cela respecte vos propres principes.

Pour construire ces principes et votre propre modèle de valeurs, il est donc utile de disposer de connaissances, de compétences et d’un langage qui facilite les bonnes considérations morales.

Ainsi, il serait judicieux que les adolescents des écoles secondaires et des universités bénéficient d’une bonne éducation morale. Zinnings propose donc des formations et des ateliers pour ces groupes d’âge.

C’est également une théorie intéressante pour les organisations.

Le niveau le plus bas est “éviter la punition”. Dans les organisations, vous pouvez enquêter si de nombreux employés font ce qu’ils font parce qu’ils veulent surtout éviter les sanctions. Dans ce cas, la culture d’entreprise est plus susceptible d’être guidée par « Pour vivre heureux, vivons cachés», de l’évitement des erreurs et du moindre risque.

Ou, de l’autre extrémité : il se peut que de nombreux employés travaillent parfaitement selon leur propre modèle de valeurs et qu’ils aient le sentiment que leur jugement moral est prépondérant et qu’ils sont autorisés à penser de manière autonome. Dans ce cas, la culture d’entreprise sera basée sur un esprit d’entreprise audacieux, significatif et engagé.

Il va sans dire que les employés seront plus motivés, impliqués et loyaux s’ils peuvent s’adonner sur le plan éthique dans leur travail. Si vous voulez savoir si votre culture d’entreprise est suffisamment éthique, ou si elle est mature, ou encore comment elle évolue, une enquête sur le type de motivation prédominant est très révélatrice. Il s’agit souvent d’une bonne mesure de référence pour lancer une mise à jour de la politique éthique de l’entreprise. Zinnings peut guider de telles enquêtes dans votre organisation.

En outre, il existe une autre raison pour laquelle une organisation ne devrait pas attendre pour renforcer ses compétences en matière d’éthique : la mauvaise pente éthique. Imaginez-vous que les employés constatent un comportement moins éthique parmi leurs collègues, puis ils se demandent s’ils interviennent ou non. Souvent, il est assez difficile de prendre l’initiative et de s’adresser à ses collègues pour les communiquer votre opinion sur ce genre de comportement, cela demande un courage certain. Tout le monde ne franchira pas ce seuil. Mais alors, en tant qu’employé, vous êtes en partie complice et vous n’avez plus la crédibilité nécessaire pour intervenir dans d’autres affaires futures semblables. Et donc vous laissez passer une deuxième fois. Et avant que vous ne le sachiez, vous êtes sur une mauvaise pente éthique dans votre organisation, car plus personne n’intervient. Il en résulte des sous-cultures dans lesquelles s’appliquent des normes différentes de ce que le monde extérieur attend, et qui tôt ou tard se vengent. Il est donc préférable de commencer trop tôt que trop tard pour renforcer les compétences de communication sur les questions éthiques dans votre organisation. Une condition nécessaire pour tuer dans l’œuf toute mauvaise pente éthique.

L’éthique devient plus importante mais en même temps plus complexe, comme expliqué ci-dessus. Il est certainement payant de se former d’avantage.

L’éthique est-elle toujours avantageuse dans le monde professionnel? Cela supposerait que tout le monde soit de bonne foi, et que chacun vise le long terme, ce qui est, je le crains, très exigeant. Mais l’évolution de l’opinion publique, le comportement plus éthique des consommateurs, la nécessité pour une organisation d’être à l’avant-garde de cette opinion publique, l’indignation morale plus forte et plus rapide du public sur les médias sociaux en cas d’incident, les attentes de vos employés, la prévention du stress, les composantes morales du développement durable, … ce sont des facteurs qui mettent en évidence l’utilité d’une bonne politique éthique, et d’un comportement éthique.

Une meilleure gestion des risques, la gestion de la réputation, la fidélisation des employés, l’énergie personnelle et le sens de la vie et du travail, l’autonomie et la confiance en soi, voilà ce qu’il en ressort.

Il y a un “mais” : si vous n’êtes pas sincère, si vous n’êtes pas intrinsèquement motivé pour agir de manière éthique, les bénéfices seront de courte durée. Si vous le faites juste parce ça paie, vous échouerez certainement, et la confiance en vos intentions éthiques partira à vau-l’eau. La confiance vient à pied, et s’en va à cheval.